Contexte historique

En ce début du quatorzième siècle, les sujets de discorde entre Français et Anglais ne manquaient pas : le fait que le roi d’Angleterre soit le vassal du roi de France pour la Guyenne, le soutien des Français aux Ecossais contre le roi d’Angleterre, celui de la couronne d’Angleterre aux Flamands contre le roi de France,…
Tout en n’en étant pas la cause, la guerre de Saint-Sardos est considérée par de nombreux historiens comme l’élément déclencheur de la guerre de Cent Ans qui commencera réellement en 1337.
Il est possible que le massacre raconté dans ce livre se soit limité à un incident au cours duquel le procureur du Roi de France fut assassiné par le baron du village voisin, Raymond Bernard de Montpezat, qui s’opposait à l’établissement d’une bastide sur ses terres. Quoi qu’il en soit, cet incident a dégénéré en une véritable guerre qui a entraîné la confiscation de la plus grande partie de la Guyenne par le roi de France en 1324.
Dans l’année qui suivit les évènements racontés dans le roman, Edouard II continua à refuser de rendre l’hommage au roi de France. Pour débloquer la situation, à l’initiative de sa sœur Isabelle, Charles IV finit par proposer la levée de la confiscation pour autant qu’Edouard cède l’Agenais et lui rende hommage pour le reste de la Guyenne. Cette proposition fut acceptée et le jeune Edouard de Windsor, futur Edouard III, vint rendre l’hommage au nom de son père le 24 septembre 1325. Restée à la Cour de France, Isabelle prépara un coup d’état. Avec son amant Roger Mortimer, elle débarqua en Angleterre le 24 mars 1326 à l’aide d’une petite armée pour renverser son mari et placer son fils sur le trône. Le jeune Roi s’empressa de signer un traité avec Charles IV aux termes duquel les Anglais conservèrent la plupart de leurs possessions en Aquitaine, à l’exception de l’Agenais. Cette « clause agenaise » provoqua le mécontentement des barons anglais.
En 1327, Edouard III succéda à son père Edouard II. Un an plus tard, Philippe de Valois remplaça Charles IV en France. Un nouvel hommage devait être rendu. À la date butoir fixée au 15 décembre 1330, cela n’était toujours pas fait, le gouvernement anglais, sous l’emprise de Mortimer, souhaitant qu’auparavant les terres conquises lors de la guerre de Saint Sardos soient rendues.
Deux ans plus tard, en 1332, le roi d’Ecosse David II[1], auquel la France doit assistance aux termes du traité de Corbeil, est renversé par un allié du roi d’Angleterre dont il obtient le soutien. À l’affaire de Saint-Sardos, vient donc s’ajouter l’affaire d’Écosse. Edouard III, ayant compris que la meilleure façon de défendre l’Aquitaine est d’attaquer le Valois par le Nord, ouvrit également un front en Flandre, comté faisant partie du royaume de France. Afin de ne pas passer pour félon en appuyant ouvertement la révolte des Flamands contre le comte de Flandre, vassal du roi de France, Edouard III revendiqua pour lui-même, petit-fils par sa mère de Philippe le Bel, le trône de France en mai 1338.
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Escarmouche locale d’abord, guerre féodale ensuite, l’affaire de Saint-Sardos devenait une guerre de succession : la guerre de Cent Ans.
Bien que souvent romancés, les événements racontés dans le roman sont basés sur des faits historiques.
La pendaison du procureur le 15 octobre 1323, le fait que Charles IV ait été prévenu à Angers une quinzaine de jours plus tard, la correspondance entre les deux rois, la convocation à Bergerac, le procès devant le Parlement de Toulouse, l’enlèvement de Pierre de Galard, le rassemblement des armées à Lauzerte sous le commandement de Charles de Valois, la mort de Marie de Luxembourg à Issoudun, l’invasion de la Guyenne, le siège de La Réole, la mort de Raymond-Bernard dans une cellule du donjon de Montpezat, sont tous des évènements qui se sont réellement passés.
Par contre, s’il est avéré que le sénéchal de Guyenne Ralph Basset ait été présent dans la région de Saint-Sardos le 15 octobre, le doute subsiste sur sa présence lors de l’expédition du baron de Montpezat. La présence d’Isabelle de France à Angers est une pure hypothèse de l’auteur.
Les personnages historiques évoqués dans ce livre ont réellement existé. Parmi eux, Charles IV, Marie de Luxembourg, Edouard II, Charles et Philippe de Valois, le chancelier de la Brosse, Edmond de Woodstock, Pierre de Galard, Raoul Basset de Drayton, Roger Mortimer, Guillaume de Weston.
La famille de Lougnac, Blanche, Adèle et de manière générale les habitants de Saint-Sardos et de la région ont été imaginés par l’auteur pour les besoins du roman.
L’histoire du boulet tombé sur la maison du notaire Delpuch à La Réole a été empruntée à Maurice Druon qui raconte cet épisode dans le cinquième tome des Rois Maudits, La louve de France.
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